Le syndrome du sauveur chez les entrepreneurs

20 Avr 2020

Vous me connaissez, j’aime parler des divers syndromes qui touchent les entrepreneurs. Et aujourd’hui on va en rajouter un nouveau sur la liste : le syndrome du sauveur chez les entrepreneurs.

Vous connaissiez sans doute le syndrome de l’imposteur, le syndrome de l’objet brillant et peut-être même aussi le syndrome de l’expert. Mais avez-vous déjà entendu parler du syndrome du sauveur chez les entrepreneurs ? Non ? Et si je vous dis le syndrome du « je porte la terre entière sur mes épaules » ? 😁

Allez, installez-vous confortablement et c’est parti. 

Le syndrome du sauveur chez les entrepreneurs. Un article développement personnel du blog www.thebboost.fr
épinglez pinterest article de blog TheBBoost

LE SYNDROME DU SAUVEUR : QU’EST-CE QUE C’EST  

Symptômes  

Le syndrome du sauveur touche tous les êtres humains sur cette planète, et vous en avez sûrement déjà entendu parler. Les personnes victimes du syndrome du sauveur ont constamment l’impression de devoir prendre la misère et le poids du monde sur leurs épaules, d’aider tout le monde et de devoir intervenir dès qu’elles sont témoins d’un problème.

Le syndrome du sauveur c’est avoir cette volonté d’apporter des solutions dès que quelqu’un nous expose un problème et d’en endosser immédiatement la responsabilité. 

Dit de cette manière, on a l’impression que « ce n’est pas si grave », et qu’au contraire « c’est bien de vouloir aider les autres ».

Malheureusement le syndrome du sauveur est à l’altruisme ce que la boulimie est à la gourmandise : son alter ego toxique et destructeur.

Souvent on résume le syndrome du sauveur à ce mantra « sauver les autres à défaut de pouvoir se sauver soi-même ».

À quoi c’est dû

Ce dernier mantra commence à nous aiguiller sur la question.

Lorsqu’une personne se présente comme un « sauveur », il va chercher à tout prix à aider tout le monde autour de lui. Et cela traduit, au fond, un immense besoin d’être aimé, d’exister au regard des autres et d’avoir leur reconnaissance (et c’est là toute la grande différence entre le syndrome du sauveur et l’altruisme).

Le syndrome du sauveur est très fort pour deux raisons :

  1. Il nous ramène à 3 des 7 piliers identitaires de l’être humain (on touche donc des besoins identitaires très puissants) :
    • Affection : le besoin d’être aimé.
    • Reconnaissance : le besoin de se sentir utile.
    • Contribution : besoin d’appartenir à une communauté et d’y participer activement.
  2. Et ensuite il est souvent associé, dans la tête de ceux qui en sont victimes à un grand altruisme, et donc il est facile de ne pas remettre en question son comportement, et les raisons qui nous poussent à agir ainsi.

Comme n’importe quel extrême, comme n’importe quel syndrome, l’éducation qu’on reçoit, nos expériences personnelles passées et l’environnement dans lequel on grandit vont pouvoir jouer sur l’apparition d’un syndrome du sauveur.

COMMENT LE SYNDROME DU SAUVEUR SE PRÉSENTE CHEZ LES ENTREPRENEURS

Alors, maintenant qu’on a bien compris ce qu’est le syndrome du sauveur, cette envie d’aider et d’apporter des solutions à tout le monde dans l’espoir d’une contrepartie (leur amour, leur reconnaissance et le regard), comment se présente-t-il chez les entrepreneurs ?

Dans les cas les plus courants que j’observe chez mes coachés (et également chez moi, car je suis la première à être atteinte de ce syndrome !) :

  • Faire systématiquement une réduction à un client, même quand il ne l’a pas demandée.
  • Ou faire systématiquement une groooooosse réduction aux clients qui couinent sur le prix.
  • Vouloir travailler gratuitement dès qu’on sent que quelqu’un est dans le besoin, et qu’avec notre expertise on pourrait l’aider.
  • Être tout le temps en mode « proposer des solutions » lorsque quelqu’un se confie à nous. 
  • Vouloir tout gérer de front (business, famille, amis, tâches ménagères …) sans jamais demander d’aide.
  • Coacher ses amis et son entourage pendant des heures au sujet d’une relation amoureuse qu’on juge toxique, ou d’un problème professionnel.
  • Avoir beaucoup, beaucoup de mal à demander de l’aide pour « ne pas déranger les autres ».

Ce ne sont ici que des exemples, et évidemment d’autres choses peuvent également être ici en jeu (comme le manque de légitimité par exemple), tout n’est pas noir ou blanc.

Chez les personnes qui ont tendance à manifester un syndrome du sauveur, cela se ressent aussi dans le business et peut affecter leur performance (vouloir aider les autres avant de se concentrer sur son business), leur chiffre d’affaires (tendance à travailler gratuitement ou à tout le temps offrir des réductions) et leurs relations (être en mode « solution » et donner son avis même quand il n’est pas sollicité).

Pour être honnête, moi-même je suis très, très touchée par ce syndrome et c’est une vraie lutte pour moi au quotidien. 

COMMENT REPÉRER LE SYNDROME DU SAUVEUR

Le syndrome du sauveur peut se manifester chez nous à deux niveaux :

  • les avis non sollicités (premier niveau)
  • les abus extérieurs (deuxième niveau)

Premier niveau : les avis non sollicités

Les « avis non sollicités », c’est quand on a cette fâcheuse manie de toujours vouloir proposer des solutions dès que quelqu’un nous parle d’un problème qu’elle rencontre.

Or, on a tendance à oublier que parfois nos amis/proches/collègues ont simplement besoin d’une oreille attentive et d’être écoutés, de pouvoir « vider leur sac ». Et en étant dans une démarche de « je te noie sous les solutions que je peux te proposer » vous n’êtes plus à l’écoute de ce dont ils ont vraiment besoin.

La question à se poser, dès que vous sentez votre cerveau passer en mode « solution » est : « est-ce que cette personne m’a explicitement demandé de l’aider à trouver une solution ? » 

Si la réponse est non, il vaut mieux se taire et écouter. Si votre interlocuteur souhaite avoir votre avis ou vos suggestions, croyez-moi il vous le demandera. 

Deuxième niveau : les abus extérieurs 

Notre syndrome du sauveur peut également se manifester lorsqu’une personne extérieure (un client par exemple) nous sollicite sur quelque chose (travailler gratuitement sur un projet, faire une réduction, etc.).

Devant ce genre de demande, il existe 3 manières de réagir :

  • Accepter parce que vous vous sentez alignés avec cette décision, que vous êtes contents d’accepter.
  • Refuser car vous n’avez pas envie.
  • Accepter parce que vous vous sentez « obligés » de le faire.

Et c’est évidemment cette 3e solution qui est l’un des symptômes du syndrome du sauveur : se sentir obligé d’aider l’autre lorsqu’il nous en fait la demande, faire passer les besoins et les envies de l’autre (de son client par exemple) avant les nôtres.

Et c’est souvent également la situation la plus difficile : refuser de l’aide à quelqu’un qui nous la demande peut souvent être extrêmement compliqué (peur de passer pour un égoïste, un mauvais être humain, etc.).

La question à se poser alors est : « est-ce que je le fais pour lui faire plaisir ? Ou est-ce que ça me rend vraiment heureux de le faire ? ». 

PRÉVENIR LE SYNDROME DU SAUVEUR ET ÉVITER DE TOMBER DEDANS

À présent que nous avons identifié ce qu’est le syndrome du sauveur et comment il se manifeste chez les entrepreneurs, voici les pistes pour éviter de tomber dans le piège (ou s’en sortir le plus rapidement possible).

Comprendre que le syndrome du sauveur et l’altruisme n’ont rien à voir

Comme je vous le disais plus haut : le syndrome du sauveur est à l’altruisme ce que la boulimie est à la gourmandise = son extrême négatif, toxique et destructeur.

L’altruisme est une magnifique qualité. L’altruisme c’est aider les autres sans rien attendre en retour, simplement parce que ça nous épanouit. C’est aussi savoir respecter les besoins de l’autre (celui d’être juste écouté, pour ne citer que lui).

Le syndrome du sauveur c’est aider les autres (même lorsqu’ils ne le veulent pas, ou n’en ont pas besoin). Et le faire avec une volonté (parfois inconsciente) d’en retirer quelque chose (leur amour, leur reconnaissance ou leur regard tout simplement).

Se poser les deux questions magiques

N’oubliez pas les deux questions magiques à se poser lorsque vous sentez que vous basculez en mode « sauveur » :

  1. Est-ce que cette personne vous a explicitement demandé votre aide ? 
  2. Est-ce que vous vous apprêtez à le faire parce que vous vous sentez obligé ? Ou parce que vous en avez vraiment envie ?

Travailler son estime de soi 

On en a déjà un peu parlé : le syndrome du sauveur est souvent le signe d’un déséquilibre au niveau de notre confiance en nous-mêmes. Souvent les personnes atteintes du syndrome du sauveur ont l’impression d’exister uniquement à travers les soins qu’elles apportent aux autres. 

Elles ont l’impression de ne mériter de vivre que pour aider les autres, quitte à les faire passer avant leur propre bonheur, leurs propres besoins.

Cela témoigne souvent d’un profond manque de confiance en soin, de l’incapacité à se sentir légitime d’exister sur cette plénière sans dédier sa vie aux autres.

Un travail sur sa confiance en soi, sur son estime de soi est alors souvent une vraie solution pour passer de « sauveur » à « altruiste ». Il existe aujourd’hui des milliers de chaînes YouTube sur le sujet, des livres de développement personnel à n’en plus finir qui traitent de cette question. Commencer ce travail ne tient qu’à vous.

Apprendre à dire non

Apprendre à dire non, en douceur mais fermement, c’est se faire passer soi avant les autres (et c’est un geste d’amour et de respect envers soi-même que de savoir dire non à quelque chose qui n’est pas bénéfique pour nous).

Car si vous ne prenez pas bien soin de vous, vous ne pourrez pas le faire pour les autres  !

Si cette thématique vous intéresse, j’ai enregistré un épisode de podcast entier sur le pouvoir d’apprendre à dire non.


Et voilà les cookies ! Tout ce que je pouvais vous dire sur le syndrome du sauveur. Le connaissiez-vous ?

Si vous sentez que vous basculez en mode « sauveur », n’oubliez pas nos deux questions magiques :

  1. « est-ce qu’on m’a demandé explicitement de l’aide ou pas ? »
  2. « est-ce que je m’apprête à dire oui parce que je me sens obligé ou parce que j’en ai vraiment envie ? »


Vous aimerez également

Découvrez comment augmenter vos ventes avec ces 6 bonnes pratiques 

Découvrez comment augmenter vos ventes avec ces 6 bonnes pratiques 
Laissez-nous un petit commentaire 🍪

Your email address will not be published. Required fields are marked

  1. Bonjour

    Vous avez surement raison, le syndrome du sauveur, signe de déséquilibre, manque de confiance, de légitimité… mais je ne généraliserais pas, et je ne parlerais pas de ceux qui veulent à tout prix s’inviter dans tous les problèmes à résoudre.

    Sans être dans cet extrême, il y a des personnes qui face à une demande, seront présentes pour aider. Et ce ne sera pas par manque de confiance qu’elles vont aider, mais parce que cela est dans leur nature de ne pas laisser tomber une personne qui a besoin d’être épauler à un moment donné. C’est souvent plus dans être dans l’esprit du bon samaritain qui ne va agir par envie ou obligation, mais par bonté et désintéressement.

    Hélas je rencontre plus souvent l’inverse, des personnes dont tout geste envers une autre, ne se fera que s’il y a quelque chose à en tirer, ou même l’amitié se distille en prévoyance du bénéfice de ce qu’il pourra leur apporter.
    L’être humain quoi !! 🙂

    Mais oui , transposer à l’entreprenariat ça peut être problématique pour ces personnes.

    1. Hello François merci pour votre commentaire !
      Il est difficile de traiter d’un tel sujet sans généraliser un peu, mais je suis d’accord avec vous. Et effectivement dans l’article et dans le podcast on fait bien la différence entre le vrai altruisme, et le syndrome du sauveur (tout se joue dans les motivations de la personne qui vient en aide, en fait).
      Merci encore pour votre retour très éclairant. 🙂

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}